Histoire
Aubree
vit le jour un beau matin d’été, un rayon de soleil tombant directement
sur son berceau à travers les rideaux de la chambre. Ses parents virent
là un signe de la Nature, un peu comme si Elle avait béni leur enfant.
Ils élevèrent le bébé dans le respect de Celle-ci, la choyant autant
que possible. Aubree était une enfant aimée et aimante, au caractère
facile et aux caprices rares. Elle était toujours heureuse de tout et
savait s’émerveiller pendant des heures sur une chose toute simple,
admirant tout simplement la vie et sa complexité. Elle avait l’habitude
d’offrir des fleurs à sa mère, mais hors de question de les « tuer » en
les cueillant alors elle les transplantait dans de petits pots pour
qu’elles mènent leur vie à terme de façon plus naturelle que dans un
vulgaire vase rempli d’eau. Inutile de préciser qu’elle rentrait
souvent barbouillée de terre, les vêtements aussi sales que si elle
s’était battue avec un des garnements du village. Les autres fillettes
ne l’aimaient pas trop, elles la trouvaient trop « brouillon », mais
Aubree s’en fichait, elle préférait les plantes et les animaux. Garçon
manqué, elle entretenait quand même une certaine féminité en laissant
ses cheveux pousser ou en portant des robes pour faire plaisir à ses
parents - surtout à sa mère qui espérait la marier à un noble
représentant de leur race.
Mais à force de se promener seule
dans les bois, ce qui devait arriver arriva… Elle se prit le pied dans
une racine, se cogna la tête contre le tronc de l’arbre et tomba dans
une petite rivière traversant la forêt. Heureusement, un druide passait
par là et entendit le bruit de sa chute dans l’eau. Il repêcha la
petite et l’étendit à ses côtés après qu’elle eut recraché l’eau
avalée. Il ramena l’enfant à ses parents mais le mal était fait et
Aubree n’osait plus s’approcher des rivières quand bien même elle
savait que ses fleurs préférées poussaient uniquement sur les berges.
Inconsolable de devoir apporter des limites à ses promenades, elle
commença à traîner avec les filles du village même si elle ne s’amusait
pas vraiment parmi elles. Elles ne faisaient que parler des garçons,
lequel était le plus beau, lequel était le plus fort, etc. Ses parents,
la voyant déprimer, allèrent à la rencontre du druide ayant sauvé la
vie de leur fille et le supplièrent de la prendre sous sa coupe pour
lui apprendre que l’eau n’était pas si dangereuse que ça.
Et
depuis le jour de leur seconde rencontre, elle ne le quitta plus.
L’homme était ravi d’avoir un peu de compagnie dans ses diverses quêtes
et Aubree, curieuse, lui posait mille et une questions sur son savoir,
avide d’en savoir plus et de devenir elle-même druide. Il ne pouvait y
avoir de métier plus en accord avec ses convictions que celui-ci!
Prenant ses études très au sérieux pour montrer à ses parents qu’elle
avait fait un bon choix même s’il ne correspondait pas forcément à ce
qu’ils avaient prévu pour elle, elle continua à aller par monts et par
vaux à la recherche d’herbes à répertorier ou à utiliser dans des
concoctions-maison. Mais récemment, la forêt s’est mise à « pleurer ».
Les Orcs et autres races barbares étendent leurs territoires en coupant
les arbres ou en brûlant des hectares entiers. Les druides se sont
récemment réunis pour savoir quoi faire de leur cas et tous en
conclurent qu’il leur fallait sortir de leur solitude pour vaincre le
Mal. Aubree fut on ne peut plus d’accord, mais même si quitter son
village natal l’inquiète énormément, elle est bien décidée à suivre sa
voie pour rendre justice à Celle qui les chérissait tant. Elle est
juste un peu inquiète de ne pas être à la hauteur et attend de
rencontrer des gens qui pensent comme elle à protéger la Nature avant
d’oser aller aux devants des barbares.